Accès à la justice : Yamoussa Conté accélère la mise en place des bureaux d’aide juridictionnelle

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LeRenifleur Judicalex Guinée 10/12/2025

Depuis le 8 décembre 2025, le Directeur du Fonds d’Aide Juridictionnelle (FAJ), Yamoussa Conté, conduit une mission d’envergure dans les préfectures de Mamou et de Kindia, après être passé par Coyah, Forécariah, Dubréka et Fria. Cette tournée vise à finaliser l’installation effective des bureaux d’aide juridictionnelle dans chaque juridiction, tout en procédant à la collecte des données judiciaires et pénitentiaires. Une démarche essentielle pour rendre opérationnel un mécanisme attendu, mais encore freiné par l’absence de financement.

Dans un entretien accordé à Judicalex-gn.org, le Directeur détaille les enjeux, les difficultés rencontrées et les perspectives de cette mission déterminante pour l’accès à la justice en Guinée.

 

Judicalex-gn.org: Monsieur le Directeur, vous venez de sillonner plusieurs préfectures avec une forte délégation, quel était l’objectif recherché ?

Yamoussa Conté : L’objectif de cette mission est d’instaurer et de mettre en place des bureaux d’aide juridictionnelle au niveau de chaque juridiction. Ces bureaux auront pour rôle de recevoir les demandes, de les enregistrer, de les examiner et d’assurer le suivi administratif jusqu’à la prise en charge. Cela n’est possible que si ces bureaux existent effectivement au sein de chaque juridiction. Tel est donc l’objectif principal de notre mission. Le second objectif est d’identifier les dossiers urgents, notamment en matière pénale et criminelle, des dossiers en souffrance depuis longtemps, avec parfois des détentions que l’on peut qualifier aujourd’hui d’illégales ou de prolongées. En résumé, il s’agit d’installer les bureaux d’aide juridictionnelle dans chaque juridiction et de prendre en charge les dossiers en attente.

Judicalex-gn.org : D’accord. Avez-vous constaté des difficultés dans ces juridictions ?

Yamoussa Conté : Bien sûr. La première difficulté est que tous les chefs de juridiction ne sont pas informés de l’existence et du fonctionnement des bureaux d’aide juridictionnelle. Ensuite, l’équipe qui nous a précédés n’avait pas terminé l’installation de ces bureaux ; nous poursuivons donc ce travail. Nous avons fourni des canevas à suivre à chaque chef de juridiction, notamment concernant la composition du bureau : le président du tribunal en est le président, le procureur le vice-président, puis viennent le chef de greffe, un représentant du barreau, un représentant de l’action sociale et un représentant de l’administration pénitentiaire. Le bureau est donc composé de six membres. Comme je l’ai dit, ce bureau est chargé de recevoir, d’enregistrer, d’examiner les demandes d’assurer le suivi administratif jusqu’à la prise en charge.

 

Judicalex-gn.org : De quoi ces bureaux ont-ils besoin pour être pleinement opérationnels, et rapidement ?

Yamoussa Conté : Tout est lié au problème de financement. Le fonds d’aide juridictionnelle a été créé par un décret du 23 septembre 2022, mais jusqu’à présent, aucun financement n’a été effectivement mis à disposition. C’est la difficulté majeure : sans fonds, même si les bureaux reçoivent les demandes, ils ne peuvent ni les examiner correctement, ni assurer le suivi, ni procéder à la prise en charge. Nous lançons donc un appel pressant aux autorités afin qu’elles mettent des ressources financières à disposition pour permettre le fonctionnement du fonds d’aide juridictionnelle, conformément à la feuille de route du ministère de la Justice.

 

Judicalex-gn.org : Comment comptez-vous informer la population de l’existence de ces bureaux ?

Yamoussa Conté : Nous avons élaboré des termes de référence prévoyant des campagnes de sensibilisation, des émissions, ainsi que des dépliants qui seront distribués lors de ces campagnes. Des émissions seront également diffusées à la télévision, dans les radios privées et dans la presse en ligne. Nous allons utiliser tous les canaux de communication pour informer la population de l’existence de l’aide juridictionnelle.

Judicalex-gn.org : Quels résultats espérez-vous obtenir à l’issue de cette mission ?

Yamoussa Conté : Nous voulons d’abord identifier clairement les difficultés rencontrées par les bureaux d’aide juridictionnelle dans les juridictions, et définir comment les rendre opérationnels. Nous ferons ensuite remonter ces informations aux ministères de tutelle : celui de la Justice, du Budget et des Finances. Comme je l’ai dit, la principale difficulté est l’absence de fonds. C’est ce qui empêche les bureaux d’être pleinement fonctionnels. Sinon, c’est une belle initiative. Dans d’autres pays, comme le Burkina Faso, ils ont déjà beaucoup avancé. Nous avons eu des échanges téléphoniques avec leur direction du fonds d’aide juridictionnelle, et nous prévoyons même une visite de travail. En France ou aux États-Unis aussi, ces systèmes sont déjà évolués. Mais chez nous, tant que les fonds ne seront pas disponibles, nous ne pourrons pas faire fonctionner les bureaux comme prévu.

Judicalex-gn.org : Un dernier message à l’endroit de la population, des bureaux, et de l’État, notamment du ministère de la Justice ?

Yamoussa Conté : Je voudrais remercier le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, pour le soutien indéfectible qu’il nous apporte. À chaque fois que nous lui transmettons une information, il la prend au sérieux et agit rapidement. Mais, comme je l’ai répété, la véritable difficulté reste l’absence de financement. Tout dépend de cela.

 

Entretien réalisé par Rahamane Mo, pour Judicalex-gn.org

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