Me Demba Keïta (Greffe de Mafanco) : « Nous sommes en avance » sur la numérisation des casiers judiciaires et de l'état civil

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LeRenifleur Judicalex Guinée 16/11/2025

Demba Keïta, greffier de formation et actuellement chef du greffe du tribunal de première instance de Mafanco, a largement détaillé les efforts entrepris par sa juridiction dans la numérisation des données.

Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction ce vendredi 14 novembre 2025, M. Keïta a souligné l'importance cruciale de cette démarche pour l'efficacité et la fiabilité du système judiciaire. Le chef du greffe a d'emblée posé un principe fondamental

« Le greffe, c'est la mémoire d'une juridiction. Et ceci étant, nous devons en principe avoir aujourd'hui, avec le monde numérique, une base de données pour la gestion de toutes les procédures, en principe.»

Si la dotation en outils numériques relève théoriquement de l'État, M. Keïta révèle que plusieurs juridictions, dont Mafanco, Dixinn, Kaloum, Coyah, et Dubréka, ont pris les devants.

« Nonobstant cela, nous, avec nos moyens de bord, par exemple... nous avons initié quelque chose, en quelque sorte, la gestion numérique des dossiers, » explique-t-il.

Le processus de numérisation a commencé par les secteurs les plus sensibles et prioritaires.

« Nous avons commencé à gérer les actes d'état civil parce que c'est un secteur très sensible. Les casiers judiciaires, les certificats de nationalités et les jugements supplétifs que nous avons numérisés.»

Afin de garantir la sécurité et l'authenticité des documents numérisés, le tribunal de Mafanco a fait preuve d'innovation en collaborant avec des partenaires locaux. « Avec nos moyens de bord, nous avons initié une application avec des partenaires locaux que nous générons ces actes avec des codes QR,” précise Demba Keïta.

L'étendue de cette plateforme va au-delà des seuls actes d'état civil. Le chef du greffe indique qu'elle est également utilisée pour la gestion des procédures d'appel, la gestion d'archivage, et même pour la gestion et le dépôt des scellés.

« Nous sommes en train d'étendre petit à petit, » assure-t-il.

Malgré ces avancées significatives, M. Keïta ne cache pas les défis qui persistent pour une dématérialisation complète.

« Mais pour que toute la procédure soit dématérialisée, il faut de forts moyens. De forts moyens, il faut un grand appui de l'État, notamment du ministère de la Justice, pour pouvoir dématérialiser. » L'archivage est identifié comme l'un des domaines nécessitant le plus de ressources pour une transition complète.

En dépit de ces contraintes, le tribunal de Mafanco se positionne comme un modèle.

« Sinon, nous sommes un peu en avance par rapport à beaucoup de juridictions en ce qui concerne la numérisation de nos dossiers. »

L'initiative du greffe du tribunal de première instance de Mafanco, sous l'impulsion de Demba Keïta, illustre parfaitement la volonté locale de moderniser l'appareil judiciaire guinéen. L'adoption d'outils numériques, notamment pour les actes sensibles, est un pas décisif vers la transparence et l'efficacité. Toutefois, cet élan pionnier met en lumière la nécessité d'un investissement massif et structuré de la part des autorités nationales pour généraliser la dématérialisation et sécuriser définitivement la mémoire numérique de la justice.

 

 

Par Rahamane Fils, pour Judicalex

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