Réappropriation identitaire : Quand la Guinée s'attaque à la méconnaissance de ses symboles nationaux

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LeRenifleur Judicalex Guinée 20/11/2025

Les Journées Nationales des Symboles de l’État (JNSE) ont été lancées ce jeudi à Conakry, sous le thème percutant : « La place et le rôle des armoiries et du Sceau de l’État dans l’administration publique ». La cérémonie d'ouverture, présidée par le Premier ministre Bah Oury, a réuni une audience de haut niveau, incluant les présidents des institutions républicaines, des membres du gouvernement et des responsables du secteur judiciaire.

Cette initiative, portée par le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, via la Direction nationale des Affaires civiles et du Sceau, vise à valoriser l'ensemble des emblèmes nationaux : drapeau, hymne, devise, armoiries et Sceau.

Le Directeur national des Affaires civiles et du Sceau, Alsény Bah, a dressé un tableau préoccupant. Il a souligné la profonde méconnaissance des symboles nationaux non seulement chez une grande partie des citoyens, mais aussi chez certains agents publics.

Il a noté la confusion persistante autour du drapeau tricolore (Rouge-Jaune-Vert).

Il a insisté sur l'ignorance entourant les armoiries adoptées depuis l’indépendance, rappelant leur évolution historique, de la colombe aux emblèmes actuels (épée, épis de maïs, etc.).

Pour remédier à cela, son service a annoncé plusieurs actions concrètes :

L'organisation d'ateliers régionaux et l’envoi de délégués dans les sept régions administratives.

La proposition prochaine d’un cadre réglementaire pour l'utilisation des cachets et tampons officiels.

La nécessité de mieux vulgariser les insignes des différents corps (police, douane, gendarmerie) pour éviter toute confusion citoyenne.

Le Garde des Sceaux, Yaya Kaïraba Kaba, a insisté sur la portée mémorielle et citoyenne de l’événement, y voyant un double engagement : celui de l’État à transmettre l’héritage et celui du citoyen à honorer les valeurs républicaines.

Le ministre est revenu longuement sur la symbolique des couleurs du drapeau :

Rouge : Le sang des martyrs, le courage et la détermination.

Jaune : La lumière du soleil, la prospérité et l’énergie de développement.

Vert : La fertilité, l’espérance, l’harmonie et la paix.

Il a également réaffirmé la devise nationale, Travail, Justice, Solidarité, comme la pierre angulaire de la construction nationale. Quant aux armoiries, elles sont présentées comme la signature visuelle de la souveraineté guinéenne, liant le passé, le présent et l’avenir.

En clôture, le Premier ministre Bah Oury a livré un message fort sur la nécessité de l'évolution des emblèmes.

« Les symboles de l’État doivent être des âmes vivantes, capables d’intégrer ce que nous devenons.»

Il a appelé à revisiter et à adapter les symboles à chaque étape de l'histoire nationale. Le Premier ministre a également élargi la portée du rouge du drapeau, non limité aux seuls martyrs de l'indépendance, mais englobant "l’ensemble des souffrances historiques, de la traite négrière aux luttes contemporaines."

Saluant la dynamique de refondation de l’État et l’adoption de la nouvelle constitution, il a invité les écoles et institutions à « faire évoluer le narratif » afin de garantir l'appropriation de cet héritage par la jeunesse. La cérémonie s’est prolongée avec un volet artistique, animé par le couple Soul Bang’s et Manamba Kanté et le slameur Lélano André Flammy, avant un panel éclairant, unissant le droit, la culture et la mémoire, animé par l'ancien magistrat Mohamed Aly Thiam et le doyen Sirimane Kouyaté.

En misant sur la pédagogie et la sensibilisation, les autorités guinéennes aspirent à reconnecter chaque citoyen à l'essence de la nation, et à bâtir un futur commun fondé sur la mémoire, la solidarité et le respect des valeurs républicaines.

 

Par Rahamane Mo, pour Judicalex-gn.org

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