Respect des droits des enfants : le Tribunal pour enfants en fait son cheval de bataille

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LeRenifleur Judicalex Guinée 08/12/2025

Le Palais de justice de Conakry a servi de cadre, ce lundi 8 décembre 2025, à une rencontre entre les magistrats du Tribunal pour enfants, l’Office de Protection du Genre et des Mœurs (OPROGEM), les services centraux, l’Office national des loisirs et l’Office national du tourisme. L’objectif était de dresser un état des lieux de la situation des droits de l’enfant en Guinée et d’apporter des mesures correctives.

 

 

Cette réunion, qui a duré plus de trois heures, a permis d’aborder toutes les questions relatives à la fréquentation des mineurs dans les lieux de loisirs, notamment les boîtes de nuit, hôtels, motels, plages, salles de cinéma, spectacles ou encore les balades nocturnes.

Le procureur spécial près le Tribunal pour enfants a souhaité, à travers cette rencontre, adresser un message fort aux acteurs concernés.

 

 

« On a parlé ce matin de la présence des enfants dans les lieux de spectacle, des extraits d’actes de naissance et également de la migration des enfants. Cette rencontre a toute sa raison d’être, d’autant plus qu’il faut renforcer les liens entre le parquet spécial et tous les organes étatiques intervenant dans la protection de l’enfance en République de Guinée : l’Office national du tourisme, l’Office national des loisirs, le ministère de l’Éducation, l’Agence guinéenne de spectacles, l’OPROGEM, les services centraux, le commissariat spécial de l’aéroport, la Direction nationale des transports, ainsi que les officiers d’état civil, qui posent les premiers actes liés à l’existence même de l’enfant. Nous sortons de cette rencontre satisfaits car elle nous a permis d’égrener les différentes difficultés existantes, notamment dans l’élaboration des actes de naissance, entre le Tribunal pour enfants et les tribunaux de droit commun de Conakry. Je crois que ce débat sera réglé et que l’autorité compétente pourra bientôt se prononcer. Des recommandations ont été formulées à l’endroit de l’Office national du tourisme, de l’hôtellerie et des loisirs afin qu’ils prennent désormais des dispositions pour encadrer l’accès des mineurs aux boîtes de nuit. Aujourd’hui, les enfants sont exposés à de nombreux dangers : cigarette électronique dans les établissements scolaires, consommation de chicha dans les boîtes de nuit, et d’autres risques. Concernant la mobilité des enfants, nous allons mettre en place un registre recensant les entrées et sorties des mineurs sur le territoire guinéen, afin de mieux contrôler ces mouvements. Il faut renforcer les services qui travaillent d’arrache-pied pour la protection des enfants, surtout dans un contexte où le terrorisme utilise parfois des mineurs et où existent la traite et le trafic illicite de migrants. Nous devons conjuguer nos efforts pour mettre fin à ces phénomènes », a déclaré le procureur spécial.

S’agissant de la présence des mineurs dans les lieux interdits, Cé Avis Gamy a été ferme. Pour ce magistrat, aucun laxisme ne sera toléré.

 

 

« Sur cette question, nous serons intraitables. La loi doit être respectée dans toute sa rigueur. Nul n’est au-dessus d’elle. Les détenteurs de lieux de loisirs, maisons closes, hôtels et autres établissements qui ne respecteront pas la loi en subiront les conséquences. Nous serons également stricts avec les parents : la loi interdit de se promener avec les enfants après 22 heures. J’ai donné des instructions fermes à l’OPROGEM et aux services centraux. Tout parent surpris en infraction fera l’objet de poursuites », a-t-il assuré.

Souvent, les officiers de police judiciaire et l’Agence guinéenne des spectacles sont confrontés à des tentatives de trafic d’influence visant à les empêcher de remplir leur mission. Des pratiques déplorables, selon le procureur spécial, qui promet de lutter fermement contre ces dérives.

« Le statut d’une autorité ne prime pas sur la loi. Même moi, procureur spécial, je ne suis pas au-dessus d’elle. Tout parent ou toute personne, quelle que soit son influence, qui tentera d’entraver l’application de la loi fera l’objet de poursuites pour trafic d’influence. Nous serons sans état », a-t-il prévenu.

Présente à la rencontre, la cheffe de division Prévention de l’Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs, la colonelle Marie Sylla, a salué l’engagement du parquet spécial et réaffirmé la détermination de son service à œuvrer pour le strict respect de la loi.

 

 

« La rencontre a été très fructueuse pour nous. Elle nous a permis de comprendre ce que nous devons faire et ce qui ne relève pas de nos prérogatives. Elle nous a aussi donné le courage de nous retrouver avec les autres acteurs de la même chaîne, engagés pour les mêmes causes », a-t-elle souligné.

Du côté de l’Office national des loisirs et de l’Office national du tourisme, le même sentiment prévaut.

« Aujourd’hui, l’Office national des loisirs, dans sa mission de promotion, de réglementation et de suivi des activités de loisirs, tient compte de la protection de l’enfant. Dans la mise en place du cadre juridique, nous intégrons la nécessité de proposer des loisirs sains et sécurisés, notamment sur les plages et dans les centres de loisirs », a indiqué Tamba Leno, chef du service communication.

Mohamed Cheick Kaba, conseiller juridique à l’Office national du tourisme, a renchéri :

« Les dispositions prises sont déjà opérationnelles. Nous dépendons du ministère du Tourisme, qui a édicté des textes clairs. Nous travaillons avec les autres structures pour leur application. Nous sommes en train d’impulser des actions au niveau du département afin de structurer les faitières. »

Des rencontres élargies à d’autres acteurs sont envisagées par le Tribunal pour enfants afin de renforcer davantage la sécurité et la protection des mineurs.

 

 

Bonankoun, pour Judicalex-gn.org

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