Télimélé : un « devoir conjugal » tourne au drame, Boubacar Diallo rejugé pour la mort de son épouse

Judicalex Guinée 08/11/2025

Condamné en novembre 2024 à cinq ans d’emprisonnement par le tribunal de première instance de Télimélé pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort de son épouse sans intention de la donner, Boubacar Diallo comparaît à nouveau devant la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Conakry.

Ce nouveau procès fait suite à un appel du parquet et de la partie civile, cette dernière, représentée par l’oncle de la victime, jugeant la peine initiale trop clémente. Le ministère public, quant à lui, a sollicité une reprise complète des débats afin de faire toute la lumière sur cette affaire.

À l’ouverture de l’audience, Boubacar Diallo n’a pas nié les faits, tout en affirmant qu’il s’agissait d’un accident survenu lors d’un acte conjugal.

« Ça a été un accident. Je n'avais pas l’intention de la tuer. C’est une affaire de lit conjugal. Quand elle m’a refusé, nous nous sommes disputés. Nous sommes tombés dans une grande marmite remplie d’eau et nous nous sommes blessés. Elle au menton et moi à la tête. Après, les gens ont dit que je l’avais blessée avec une machette. Les gendarmes ont trouvé les traces de sang », a-t-il déclaré à la barre.

Le président du tribunal lui a alors présenté les photos du corps de la défunte, estimant que les blessures ne correspondaient pas à la version avancée par l’accusé.

« Les photos qui sont là ne collent pas à votre récit. À voir ces blessures, on comprend qu’il n’y a pas eu de chute : c’est bien un objet tranchant qui a été utilisé », a fait remarquer le magistrat.

« Ce que je sais, c’est ce que je viens de vous expliquer. Après 23 ans de mariage, si j’avais su que cela arriverait, je ne l’aurais jamais forcée à partager le lit avec moi ce jour-là », a regretté Boubacar Diallo.

Appelé à son tour à la barre, Mohamed Lamine Doumbouya, oncle de la victime, a soutenu que la mort de sa nièce avait été préméditée.

« C’est le grand frère de l’accusé qui avait épousé ma fille en premier. Après son décès, elle s’est remariée à Boubacar Diallo. La vache donnée en dot par son premier mari s’était multipliée. Après le nouveau mariage, elle a offert une bête à Boubacar et a vendu deux autres pour organiser le mariage de son fils aîné. Boubacar a voulu récupérer cet argent, elle a refusé. C’est ainsi qu’il l’a tuée », a-t-il accusé.

Interrogé par la défense, le témoin a reconnu ne pas avoir assisté au drame :

« J’étais à Conakry au moment des faits. On m’a rapporté ce qui s’est passé », a-t-il précisé.

Concernant sa demande de dommages et intérêts, il a d’abord déclaré :

« Je ne demande rien en numéraire. Je veux seulement la justice, car il a tué ma fille volontairement. » Avant d’ajouter plus tard : « Je demande quatre-vingts (80) millions de francs guinéens. »

Après les auditions, la Cour a clôturé les débats et renvoyé l’affaire au 20 novembre pour les réquisitions et plaidoiries.

Affaire à suivre…

LSMB