Usurpation de titre et de fonction : Sékou Ahmed Camara jugé pour avoir utilisé la profession d’avocat afin de soutirer 135 millions GNF à un maître coranique

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LeRenifleur Judicalex Guinée 19/11/2025

Le tribunal de première instance de Dixinn a ouvert les débats ce mercredi 19 novembre 2025 dans l’affaire opposant le ministère public et Moussa Camara à Sékou Ahmed Camara, actuellement en détention, ainsi qu’à Adama Keïta, en fuite. Les deux mis en cause sont poursuivis pour usurpation de titre et de fonction, ainsi que pour escroquerie portant sur un montant de 135 millions de francs guinéens.

À la barre, le prévenu Sékou Ahmed Camara a reconnu avoir utilisé le titre d’avocat, en complicité avec son « ami Moussa », pour soutirer de l’argent à un citoyen.

« Le frère Moussa et moi sommes originaires du même village à Kindia. Il est venu me voir pour m’aider à résoudre un problème lié à des parcelles situées à Kindia. À ce moment-là, l’affaire n'était pas encore portée devant la justice. Il m’a confié ses dossiers et je lui ai promis de l’aider, car je lui avais dit que j’étais avocat. J’avais un grand nommé Adama Keïta, qui se faisait appeler Algassimou Diallo. Je ne le connaissais pas bien, mais il disait être procureur au parquet de Dixinn. Je l’ai rencontré par l’intermédiaire d’un ami. À mon tour, je lui ai dit que j’étais avocat. J’ai ajouté que je gérais les dossiers d’un frère et, lorsque celui-ci me remettait de l’argent, je le lui donnais aussitôt. Quelques temps après, mon frère a commencé à douter, mais entre-temps, je suis tombé malade. J’ai reçu de l’argent à plusieurs reprises, jusqu’à atteindre 135 millions de francs guinéens », a-t-il expliqué.

Selon lui, cet argent aurait également servi à la gestion de six autres dossiers liés à des conflits domaniaux, toujours sous la fausse identité d’avocat. Pour convaincre la victime, il affirme avoir montré une photo où il apparaissait entouré d’avocats, bien qu’il ne portait pas la robe.

« Mon frère Moussa me faisait confiance. Tout ce que je lui disais, il y croyait », a ajouté le prévenu en réponse au procureur.

Après ces déclarations, le tribunal a procédé à l’audition du plaignant, Moussa Camara, maître coranique domicilié à Taabily, dans la préfecture de Kindia. Il affirme avoir rencontré Sékou Ahmed Camara dans le cadre d’une mission supposément ordonnée par le préfet. Ayant plusieurs dossiers en souffrance, il décide alors de solliciter l’aide de celui qu’il croyait être un véritable avocat.

« Je suis financier de projets. Un jour, j’ai rencontré Sékou Ahmed Camara dans son village. Il m’a dit que le préfet de Kindia l’avait envoyé pour effectuer un constat. Après discussion, je lui ai demandé sa profession. Il m’a répondu qu’il était avocat, ce qui m’a rassuré. Je lui ai expliqué que j’avais plusieurs dossiers et que mes avocats n’avançaient pas. Le soir, je lui ai présenté les dossiers. Il m’a dit que le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara, le procureur Alghassimou Diallo et le président de la Cour suprême géraient mes affaires, et il m’a réclamé de l’argent, que je lui ai donné. Ensuite, je lui envoyais de l’argent via Orange Money chaque fois qu’il me le demandait. Un jour, il m’a affirmé que mes dossiers avaient été signés par le ministre Charles Wright, le juge Tounkara et le procureur Algassimou. Puis il m’a demandé 3 millions GNF pour les déplacements de ces autorités. J’ai payé. Mais après vérification auprès des personnes citées, toutes ont nié avoir traité mes dossiers ou connaître Sékou Ahmed Camara. Je me suis rendu au bureau du procureur Algassimou et, en sa présence, j’ai déclaré que je venais porter plainte contre lui. C’est finalement ainsi qu’ils ont pu interpeller Sékou Ahmed Camara », a témoigné Moussa Camara.

La plainte visait à la fois Sékou Ahmed Camara, faux avocat présumé, et Adama Keïta, qui se faisait passer pour le procureur Algassimou. Le plaignant affirme toutefois n’avoir jamais été en contact direct avec ce dernier 

« Je n’ai jamais connu Adama Keïta, mais j’ai porté plainte contre Algassimou Diallo et Sékou Ahmed Camara », a-t-il précisé.

Dans cette procédure, le barreau de Guinée s’est constitué partie civile, estimant que le prévenu a porté préjudice à la profession d’avocat et causé du tort à un citoyen en usurpant cette qualité.

Au terme des débats du jour, le juge a renvoyé l’affaire au 24 novembre 2025 pour la poursuite des audiences, notamment les plaidoiries et réquisitions.

 

Bonankun

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